ils n'ont rien
n'ont rien à nous dire
à nous offrir n'ont
rien à attendre
car la force de
leurs angoisses peut
porter nos objets
à l'incandescence
n'ont rien à nous dire
à nous offrir n'ont
rien à attendre
car la force de
leurs angoisses peut
porter nos objets
à l'incandescence
jusque sur la peau de leurs femmes
ils cherchent partout des fissures
aiment les rides des maisons
les coins oubliés les blessures
étreignent dans leurs mains la nuit
la pressent comme des éponges
ne peuvent naître que du noir
nos routes leur sont d’infinis
damiers ils y progressent en
diagonales attentifs très in
quiets de ne pas être trop long
temps sur ces cases qui leur sont
noires car ils savent qu’alors
jamais plus ils jamais plus ne
pourront revenir sur leurs pas
leur pays est planté de cuisses
nerveuses d’arbres charnels où
les feuilles sont comme des mains
dures mais habiles aux caresses
pourtant insensibles ils passent
au travers muets aveugles à
son étrangeté suivant sans
fin leur pauvre piste intérieure
nos preuves du réel ne sont rien pour eux
leurs visages ne sont que signes où désespoir
légèreté comme manteau de soie du soir
miroitent bougent sans cesse tout leur est fluide
douceur évanescence mélancolie
rien ne peut se poser sur leurs corps malléables
jusque dans l’inquiétude de leurs amours passe
quelque chose de la fadeur de l’ivoire
sexes et tripes ils baisent foutent
éjaculent sans fin tout
leur est chair sexes ventres
bittes et vagins ils s’emmêlent
se mêlent s’accouplent se font
et se défont dans leurs orgies
jusqu’à ce point de non retour
où ils n’ont plus ni chair ni sexe
quand la chaleur a claquemuré leur corps
que volent dans les rues beaucoup de poussières
des enfants blonds filasse que le soleil
dore doucement que des nuées de mouches
s’abattent sur eux le soir des capricornes
autour des lampes les chassant mollement
de lents balancements désabusés ils
s’ouvrent à la nuit parlent de leurs amours
quand on leur rend visite le dimanche ils nous
regardent longuement dans les yeux se cramponnent
à nos bras comme à des branches vives réclament
le sol à grands cris cherchent les arbres la terre
imitent nos animaux domestiques leurs
bouches ouvertes sont avides de grand air mais
ils ne parlent jamais de leurs semblables et leur
visage ne dit pas s’ils nous ont reconnus
certains prétendent qu’ils ont une âme comme nous
mais une âme d’une autre sorte c’est par les maux
du corps qu’elle s’exprime dans de violentes et pures
conflagrations physiques ils sont poussés retenus
aspirés tordus ils vont plus vite et moins vite si
vite parfois qu’ils en demeurent sur place ils ne
marchent pas sont marchés ne cessent de s’ouvrir et
se refermer partout les suit l’œil de leur cyclone
ils restent parfois rêveurs
leurs yeux se cernent d’absences
pris comme dans une bulle
d’eau leur regard vacille
nous les frôlons les touchons
leur prodiguons des caresses
ils s’immergent en leur corps
rien n’y fait le vide est leur
nature ils se gardent en lui